Qu’est-ce que le Crowdfunding et Comment ça Marche?

Je vais tenter de vous expliquer ici de manière claire et concise ce qu’est le crowdfunding, comment ça fonctionne et sous quelles différentes formes il se présente.

Qu’est-ce que le crowdfunding?

Le crowdfunding est un terme anglais pour désigner le financement participatif, une pratique permettant de collecter des fonds en faisant appel à l’aide d’un grand nombre de personnes. Il en existe différentes formes et on y accède généralement via une plateforme Internet spécialisée dans l’une ou l’autre.

Contrairement à une levée de fonds classique consistant à passer par une banque, ce sont donc ici plusieurs petites sommes d’argent qui sont recueillie, contribuant ainsi à la réalisation d’un projet ou au financement d’une entreprise. C’est aussi un très bon moyen de faire connaitre un nouveau produit ou service, mais également de sonder le niveau d’intérêt qu’il peut susciter auprès du public.

Comment ça marche ?

Imaginons que vous ayez trouvé une idée géniale et révolutionnaire pour lancer un nouveau produit. Tout est très clair dans votre tête et vous êtes impatient de la mettre en chantier au point de sautillez partout dans votre salon comme un kangourou sous extasy, mais vous n’avez absolument pas d’argent pour démarrer sa conception et encore moins sa fabrication. Vous allez donc vous rendre sur une plateforme de crowdfunding pour présenter votre produit et expliquer pourquoi il est génial. Vous indiquerez également le montant dont vous avez besoin pour pouvoir démarrer le projet ainsi qu’une date de clôture de la levée de fond.

Les internautes qui sont intéressés par votre idée décideront alors (ou pas, selon que vous ayez été assez convaincant ou non) de participer à son financement en versant la somme qu’ils désirent. Un compteur (que vous irez certainement consulter toutes les 10 minutes) sera affiché sur la page, vous informant ainsi du volume des contributions réunies et surtout du montant qu’il manque encore pour atteindre l’objectif. Si le montant que vous avez demandé est atteint dans le délai fixé, l’argent vous sera alors versé et les internautes recevront une contrepartie (ou pas, selon le type de crowdfunding choisi).

Le crowdfunding, c’est nouveau?

Le concept n’est pas nouveau, non. En 1875, l’Union franco-américaine organisait déjà une collecte de fonds auprès des particuliers pour financer la construction de la célèbre statue de la Liberté de New York. Mais dès l’arrivée d’Internet, les plateformes en ligne reprenant ce principe de financement participatif ont commencé à fleurir.

La statue de la liberté, à New York Photo de Guilherme Bustamante · Unsplash

D’abord réservées aux domaines artistiques et caritatifs, elles se sont ensuite assez rapidement diversifiées et aujourd’hui certaines d’entre elles s’adressent même à des secteurs très précis tels que la presse, la science ou l’immobilier. Les premières plateformes Internet de financement participatif à émerger furent DonorsChoose en 2000, GlobalGiving en 2002, ArtistShare en 2003, My Major Company crée en 2007 (rendue populaire grâce au chanteur Grégoire), IndieGoGo en 2008 ou encore Kickstarter en 2009.

Quelles sont les différentes formes du crowdfunding ?

Les formes de financement participatif ont tendance à se diversifier de plus en plus mais globalement on peut les classer en 5 catégories :

1 Le don : Ce type de financement est surtout utilisé par des associations caritatives ou des ONG et repose sur un système de type donation ou mécénat, sans contrepartie. Il peut également être utilisé pour soutenir une cause personnelle tel que le paiement de frais médicaux, de scolarité, de funérailles ou de vétérinaire.

Il existe aussi des dons avec contrepartie qui visent quant à eux des projets plutôt culturels et artistiques (Éditer un livre ou une BD, produire un film un jeu vidéo ou un album musical, organiser un concert ou un spectacle, etc.).

Enfin, certaines entreprises font parfois appel aux dons mais elles sont soit à vocation sociale et solidaire, soit des startups développant des projets très innovants et susceptibles de séduire un large public.

Exemples : justgiving.comgofundme.comdonorschoose.org

2 Le prêt social (Peer-to-peer lending ou crowdlending) : Il est similaire au prêt bancaire, sauf qu’ici ce sont les internautes qui jouent le rôle de la banque. Ils choisissent de prêter une partie de leurs économies pour une durée déterminée et récupèrent ensuite ce capital avec des intérêts.

Les taux d’intérêts sont souvent plus élevés que ceux appliqués par les banques car le risque pris par les investisseurs est plus élevé. Ce type de financement s’adresse majoritairement aux entreprises mais aussi aux particuliers.

Il existe aussi des prêts dits « solidaires » qui fonctionnent comme des micro-crédits à taux zéro. Ce sont des petits prêts entre amis servant à financer des études, l’obtention du permis de conduire, un déménagement, des vacances, etc… Dans d’autres cas ils servent à financer des micro-entrepreneurs situés dans des pays où l’accès au crédit est plus difficile.

Pas de retour sur investissement donc mais la satisfaction d’avoir pu donner la chance à des hommes et des femmes à travers le monde de développer leur propre activité de subsistance ou d’avoir tout simplement pu aider un proche.

Exemples : lendingclub.comkiva.orgzidisha.org

3 Le financement sans contreparties financières : C’est le système le plus connu car c’est celui qui est majoritairement utilisé sur la plupart des plateformes de crowdfunding. Ici, le particulier aide au financement d’un projet sans en attendre un quelconque retour financier mais reçoit généralement une contrepartie qui varie en fonction du montant donné. Cela peut être une simple carte de remerciement, le produit financé par la campagne, parfois dans une version personnalisée ou accompagné d’un bonus, un dîner avec les porteurs du projet, etc… Pour l’internaute, il ne s’agit donc pas d’un investissement mais plutôt d’un coup de cœur.

Exemples : KickstarterUluleIndiegogoKisskissbankbank

4 Le financement avec prise de participation : Dans ce cas-ci l’internaute est un investisseur qui choisit un projet en fonction du bénéfice qu’il estime pouvoir en retirer. Si le projet est un succès commercial, il sera alors rétribué sous formes d’actions ou de royalties. C’est donc un mode de financement qui s’adresse exclusivement aux entreprises et qui permet de prendre une participation directe de leur capital social.

Exemples : angel.co – equitynet.com – seedinvest.com

5 Le pourboire électronique : Apparues assez récemment et redues populaire par certains blogueurs et youtubeurs célèbres (et face notamment à l’ascension assez fulgurante des bloqueurs de publicité en ligne), ces plateformes sont basées sur le principe du pourboire. À la différence des autres formes de crowdfunding, l’Internaute peut décider ici de donner une somme d’argent une seule fois ou mensuellement à un artiste, créateur de contenu ou n’importe qui d’autre qu’il souhaite soutenir.

Exemples : TipeeeBuy Me A CoffeePatreon

Gif: Ned Flanders donne un pourboire

Est-ce gratuit?

Pas tout à fait, non. Il faut savoir que toutes ces plateformes prennent une commission qui avoisine généralement les 3% ou 5%, mais cela peut être bien plus. A cela s’ajoute encore un pourcentage pour les paiements par carte bancaire de type Visa, Mastercard, Amex, etc. Il est donc intéressant de comparer les différentes plateformes avant de se décider.

Je ne m’attarderai pas sur le côté fiscal du crowdfunding car les variations peuvent être importantes d’un pays à l’autre mais gardez tout de même à l’esprit que votre gouvernement réclamera probablement sa part du gâteau sous forme d’impôt.

Si ce moyen de trouver des fonds vous intéresse, j’ai écrit un article où je vous donne 32 conseils pour réussir votre campagne de crowdfunding. Cela vous permettra de mettre toutes les chances de votre côté, mais préparez-vous à bosser dur pendant plusieurs semaines !

Quelques campagnes de crowdfunding célèbres

Certaines campagnes de financement participatif ont été plus marquantes que d’autres. En voici un petit florilège.

Le plus gros montant sur Kickstarter : Il y a eu quelques jolis coups comme par exemple le projet Pebble Time, une smartwatch qui a levé 20.338.986 de dollars (17.000.000€), mais l’un des plus célèbres et est celui de Ryan Grepper et son idée d’une glacière multifonction et qui détient le second record du plus gros montant jamais collecté sur Kickstarter.

Cette glacière à roulettes nommée sobrement Coolest est truffée de gadgets numériques (Bluetooth, haut-parleurs, port USB, etc.). Le montant atteint est de 13.285.226 dollars (environs 15.000.000 d’euros)! 62.642 personnes ont contribué au financement de ce projet qui est donc passé en phase de commercialisation. En tout cas, cela confirme cette légende de l’attachement que les américains ont pour leur glacière.

Une glacière et des montres, sur Kickstarter Source Kickstarter

La plus fulgurante : En 2016, Mundo, une banque mobile disponible exclusivement via une application iPhone ou Android, a levé plus d’un million de livres sterling, soit près de 1.290.000 euros à l’époque, sur la plateforme Crowdcube en à peine… 96 secondes ! 1.861 contributeurs ont participé en tout à cette campagne et ont donné 542£ (700€) chacun en moyenne.

L’une des plus folles : En 2012, une pétition plutôt atypique a circulé sur les réseaux sociaux anglophones. En clair, elle demandait au gouvernement américain de construire l’étoile noire de l’empire, célèbre arme de destruction massive bien connue des aficionados de la saga Star Wars. Le gouvernement ayant estimé que le projet pourrait couter près de 10 fois le PIB de la Terre entière, il a donc sagement décliné la proposition.

Qu’à cela ne tienne, un an plus tard, un anglais lance une campagne de crowdfunding pour financer la construction cette arme redoutable. Il demande environ 20.000.000£ (25.000.000€) pour mettre le chantier en route mais estime que le coût total devrait avoisiner les… $850,000,000,000,000,000 (oui ça fait beaucoup, beaucoup de zéros).

Finalement, et sans trop de surprise, l’objectif ne sera pas atteint. 2.400 contributeurs ont tout de même supporté le projet à hauteur de 300.000£ mais, comme il s’agissait clairement d’une plaisanterie, ils ont tous été remboursé fort heureusement.

The Death Star Fond d’image de Oleg Gamulinskiy sur Pixabay

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